Les différents types de kumite en karaté Shinkyokushin
Le kumite est l’une des trois principales disciplines du karaté, avec le kihon et le kata. Le mot kumite est normalement traduit comme combat ou lute mais dans une sense amicale et de collaboration et non pas un combat de guerre. En japonais il est écrit comme 組手, ce qui est très intéressant car il nous apprend beaucoup de choses sur ce que devrait être le kumite. Selon le dictionnaire en ligne jisho.org, le premier caractère 組 (kumi) est utilisé pour association, tresse, construire, assembler, unir, coopérer et lutter, alors que la deuxième caractère, 手 (te) signifie main. Donc, kumite signifie des mains qui luttent mais aussi des mains qui coopèrent.
Shinkyokushin faisant partie de la grande famille Kyokushin suit les mêmes règles de kumite que nous pouvons trouver dans de nombreux dojos Kyokushin à travers le monde. C’est une forme de combat plein-contact ou full-contact pour utiliser une anglicisme, connu comme knockdown.
Il n’est pas permis de frapper la tête avec les mains ou le coude, pas de coups à l’aine, mais le corps peut être frappé et les coups de pied contre les jambes, les bras, le corps, la tête et le visage sont autorisés, de même que les balayages. Cela fait que les combat en Shinkyokushin sont très près d’un vrais combat tout en restant un combat sportif.
Il y a différentes façons de pratiquer le kumite :
Yakusoku Ippon Kumite
C’est une forme de combat prédéfini où les partenaires de combat peuvent pratiquer l’application des techniques de kihon. L’attaque et la technique utilisées sont prédéfinies afin que l’autre partie puisse préparer correctement le bloc et la contre-attaque. Il n’y a qu’une seule attaque, d’où le nom ippon kumite.
Voici un exemple d’ippon kumite tiré d’une démonstration donnée par le directeur de notre organisation, Kenji Midori:
Sanbon Kumite
C’est semblable à l’ippon kumite, mais c’est un exercice en trois pas, pratiqué en utilisant des positions de kihon. C’est un excellent moyen de mieux comprendre les techniques apprises en kihon et comment elles peuvent être appliquées. Il enseigne également aux étudiants sur ma-ai (la distance de combat), les déplacements et le timing.
Jiyu Kumite
Compétitions
Jiyu kumite, ou le kumite libre en Shinkyokushin suit les règles du knockdown, décrites ci-dessus.
Les gens de l’extérieur ne voient généralement que des combats knockdown lors de compétitions (en direct ou sur l’Internet) et ils ne voient pas tous les aspects du jiyu kumite que nous pratiquons. Malheureusement, cela peut conduire à de nombreuses idées fausses quand les gens parlent de Kyokushin ou de Shinkyokushin.
De l’extérieur, nous avons l’air des brutes, ce qui pourrait plaire à certains, mais aussi en effrayer beaucoup. Les gens ne comprennent pas qu’un concours est juste un défi personnel, où les concurrents feront de leur mieux pour arriver au sommet à la fin du combat. C’est là qu’ils peuvent mesurer leurs techniques, leur endurance et leur esprit de combat, pour voir comment ils se comparent aux autres.
Dans une compétition, un combattant fera de son mieux dans les limites du règlement pour vaincre son adversaire. Il ou elle essaiera de terminer le combat le plus tôt possible, un ippon rapide aura l’avantage de garder son énergie pour le prochain combat.
Youtube regorge de compilations d’ippons de Kyokushin, en voici une avec Sensei Valeri Dimitrov, l’un des meilleurs combattants Shinkyokushin de tous les temps :
Examens de ceinture
En dehors des compétitions, nous faisons également du kumite dans nos entraînements et nos examens de ceinture. Les règles sont les mêmes, mais l’approche au combat est différente. Cet aspect est malheureusement ignoré par certains entraineurs et certains karateka, ce qui peut conduire à des accidents inutiles.
Si le kumite en compétition est comme un sprint, le kumite lors des passage de ceinture est plus comme une marathon.
Les examens de ceinture en Shinkyokushin sont très exigeants. Après les premières parties qui consistent à revoir le kihon et les katas, déjà exténuants, il y a le test de tameshiwari (cassage), suivi du kumite. Selon la ceinture, il y a plus ou moins de rounds de combat. Au début, il n’ya que quelques tours; au moment où nous passons l’examen de la ceinture noire, nous devons nous battre à 15 round, 20 pour le nidan et 30 pour le sandan. Chaque round, il y a un nouvel adversaire reposé, ce qui augmente la difficulté du combat.
Ici, un karatéka doit montrer que possède une technique solide, avec une bonne endurance, il peut prendre des coups et continuer à finir ses combats. Vaincre l’adversaire n’est pas le but ultime, dans une examen un karatéka doit se vaincre lui-même.
Le rôle du partenaire de combat est de rendre le kumite difficile, de pousser le examiné au-delà de ses limites, tout en l’aidant à achever son défi.
Voici une autre vidéo avec Sensei Valeri Dimitrov tournée lors de son examen de ceinture en 2013 (ceci est seulement une partie de son test de kumite) :
Comme vous pouvez le constater, la dynamique du combat est différente de celle d’une compétition. Sensei Valeri doit gérer son énergie pour pouvoir terminer son test. Ses partenaires ne lui facilitent pas la vie, mais ils ne tentent pas non plus de l’assommer. Il y a un certain degré de contrôle.
Entrainements
Avant d’arriver à faire une examen de ceinture ou une compétition, nous devons nous entraîner, beaucoup!
Bien que les exercices de durcissement fassent partie de notre entraînement régulier, en ce qui concerne le kumite pendant un entraînement, nous devons chercher le plein contrôle (au lieu du plein-contact).
C’est l’entraîneur qui doit déterminer l’intensité du combat et les élèves doivent le respecter. Les étudiants devront respecter les capacités de leurs partenaires.
Le dojo est un lieu d’apprentissage et de pratique et il n’y a pas de place pour un ego exagéré.
S’il y a un tyran dans un dojo qui blesse tout le monde, il finira seul et il n’aura plus de partenaire d’entraînement. Nous avons tous besoin de partenaires pour s’entrainer.
Le karaté est pratiqué par un large éventail de personnes : enfants, adolescents, adultes, femmes, hommes, personnes âgées, ils devraient tous avoir le sentiment qu’ils peuvent apprendre dans un dojo et s’exercer en toute sécurité.
Les étudiants avancés doivent aider les débutants à s’améliorer. Lorsque nous aidons quelqu’un, lorsque nous enseignons à quelqu’un, nous nous améliorons également.
C’est lors d’un entraînement que nous pouvons essayer de nouvelles combinaisons, des blocs, des contre-attaques et de nouvelles stratégies.
Les débutants doivent éviter les techniques risquées et difficiles à maîtriser, telles que l’ushiro ura mawashi geri. La force des coups doit être ajustée à ce que notre partenaire peut supporter.
Faire de notre partenaire KO n’est pas le but, gagner n’est pas le but, le but est d’apprendre.
Voici une séance de kumite au Japon avec des ceintures noires de haute niveau. Au premier plan, nous pouvons voir Sensei Norichika Tsukamoto. Il est multiple champion du monde en knock-down, un véritable dur à cuire, mais ici, il est très respectueux avec ses partenaires :
En conclusion, rappelez-vous qu’il est important de lutter de manière appropriée en fonction des circonstances et de votre partenaire (et non pas votre ennemi).
Osu!