L’importance de l’OSU dans le karaté Shinkyokushin
Il y a un mot, une expression japonaise, pour être plus précis, qui est utilisé fréquemment dans les dojos de karaté Shinkyokushin et qui, pour les non-pratiquant et les débutants, peut paraître étrange – c’est l’OSU (être prononcé comme OS avec un U silencieux).
Pour rendre les choses plus déroutantes, nous l’utilisons dans une grande variété de situations: en signe de respect et de salutation, pour dire je comprends, pour dire merci, pour présenter des excuses à un collègue, et surtout pour exprimer la volonté de ne pas renoncer.
En fait, ne pas abandonner est l’essence que Sosai Oyama, notre fondateur, a voulu inculquer avec ses enseignements. L’esprit de l’OSU (Osu no Seishin en japonais – 押忍の精神) est la pierre angulaire du karaté Kyokushin. Le mot OSU provient des caractères kanji «Oshi Shinobu / 押忍» qui signifie «persévérer tout en étant poussés». OSU symbolise le besoin de persévérer à tout moment, de se dépasser ses les limites de l’endurance sous pression. En d’autres termes, OSU signifie patience, détermination et persévérance.
Au cours de nos entraînements, lors des examens de ceinture, ou pendant les compétitions, comme au quotidien, d’abord c’est notre corps qui veut que nous nous arrêtions, mais notre cerveau continue à nous pousser. Une fois que même le cerveau veut que nous abandonnions, c’est notre esprit qui continue de nous faire avancer. C’est l’esprit d’OSU!
Quand nous disons OSU, c’est pour se rappeler constamment cet esprit de persévérance.
OSU comme exercice de pleine conscience
Au fil des ans, en tant que pratiquant de karaté, j’ai pu constater maintes fois l’effet de guérison du karaté sur les autres et sur moi-même. J’ai vu des changements bénéfiques chez les enfants atteints d’autisme ou de trouble déficitaire de l’attention. J’ai vu des adultes souffrant de dépression qui ont cessé de prendre leurs médicaments et ont été guéris avec le karaté. J’ai eu la chance de m’entraîner avec des personnes ayant un handicap physique qui ont réussi à surmonter leurs obstacles, ce qui nous a tous inspiré à dépasser nos limites. Je me suis entraîné avec les personnes âgées qui ont montré plus d’endurance que la plupart des gens la moitié de leur âge. Quel est le secret de ces guérisons miraculeuses? Quelle est la source de cette énergie?
J’ai récemment découvert le concept de pleine conscience (mindfulness en anglais) via la chaîne de télévision japonaise NHK. C’était une émission sur le soulagement du stress au cours de laquelle ils ont parlé de l’effet positif des exercices de pleine conscience sur la gestion du stress. Cela m’a rendu curieux de rechercher plus d’informations à ce sujet en ligne.
La pleine conscience est un état d’esprit dans lequel nous nous concentrons sur le moment présent et si ses origines sont dans les anciens enseignements orientaux, aujourd’hui, il est largement étudié et utilisé pour ses effets thérapeutiques. Comme je l’ai mentionné, il est utilisé pour réduire le stress, mais également pour la thérapie cognitive et d’autres thérapies. Il est utilisé dans les écoles, dans les entreprises, pour les forces de l’ordre, pour les unités d’élite de l’armée, dans le milieux carcérale, etc.
Plus je lis au sujet de la pleine conscience, je réalise que faire des combats est l’un des meilleurs exercices de pleine conscience. Même lors d’un combat léger, nous devons nous concentrer sur le moment, nous cherchons une ouverture dans la garde de notre partenaire, nous essayons d’esquiver une attaque, etc. Nous ne pouvons penser à rien d’autre; dès que notre esprit s’égare, on nous rappelle rapidement le présent. Cela doit être vrai dans tous les sports de combat, mais ce qui différencie le karaté, c’est l’OSU.
Le combat (kumite) n’est qu’une partie de l’entraînement au karaté, nous faisons également des étirements, du cardio, des techniques de base (kihon), des formes (kata), des exercices de renforcement, etc. et pour garder notre esprit encré dans le présent, nous utilisons le mot OSU. On répond à chaque commande de l’instructeur avec OSU pour montrer que notre esprit est toujours là, pour confirmer que nous voulons nous surpasser. Nous gardons notre état de pleine conscience tout au long de l’entrainement.
Je ne suis pas psychologue, ni qualifié pour mener des recherches cliniques, mais en tant que karatéka, je pense que le pouvoir de l’OSU mérite d’être étudié. En tant que pratiquants de karaté, nous devrions nous concentrer sur l’OSU pendant nos entraînements, cela nous aidera à surmonter les difficultés à l’intérieur et à l’extérieur du dojo.
OSU!
Sempai Adam Sofineti